Nos valeurs
Après son accession à l’indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire a amorcé sa construction avec un État de parti unique. Cette situation a freiné la diversité des opinions mais, dans un minimum de quiétude et de stabilité, le pays a pu réaliser un progrès certain.
En 1990, avec la contribution immense de certains syndicats, notre pays a recouvré le multipartisme. Mais, ce multipartisme qui devait ouvrir la voie à la démocratisation, ne nous a pas encore permis d’y accéder. Nous avons donc tous témoins des aventures douloureuses que la Côte d’Ivoire a vécues.
Cet échec, la société civile en mouvement (syndicats, groupements et associations de travailleurs) y a une part de responsabilité importante. Et nous avions à nous interroger : notre immobilisme ne frisait-il pas, une complicité active ?
Or, au lendemain du parti unique, nous, travailleurs, avons arraché l’expression plurielle, mieux, avons poussé le combat jusqu’à obtenir le multipartisme en 1990.
Mais le combat est-il achevé ? Assurément non !
Ce que nous visions et que nous devions atteindre, c’était bel et bien la Démocratie. Oui ! Nous avions le devoir de la réaliser dans notre pays, car la démocratie implique l’instauration de la bonne gouvernance, c’est-à-dire, la seule voie pouvant garantir le développement harmonieux de notre pays.
Tout en participant à la construction de cette nouvelle Nation, il importait qu’avec responsabilité, nous jetions un regard critique sur la situation du travail, sur les conditions de travail et sur la situation sociale des travailleurs en Côte d’Ivoire ?
A l’analyse, il est apparu clairement que le coût de la vie était très élevé. En effet, de 1977 à 2010, c’est-à-dire, pendant plus de 30 ans, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) est resté figé à 36607f.cfa pour les employés du secteur privé, quand, pour les fonctionnaires, l’indice référentiel de base, fixé à 233.45 FCFA, en 1972, n’a pas changé.
Mais, plus grave, la crise politico-militaire que nous avons connue est venue précariser davantage la situation, avec la perte de plus de 50.000 emplois.
Bref, les masses laborieuses de Côte d’Ivoire avaient une obligation de solidarité pour faire face à la paupérisation généralisée et intenable. Et l’école qui devait être le levier le plus sûr pour résoudre les problèmes de pauvreté était elle-même en difficulté.
Au 23 octobre 2010, notre constat était sans ambiguïté :
I/ L’EDUCATION ET LA FORMATION :
• Taux d’échec scolaire 70%.
• Taux de scolarisation baisse de 76% à 56%
• Infrastructures scolaires très insuffisants,
• Développement de l’enseignement technique et la formation professionnelle est en deçà des espérances,
• Désengagement de l’État en ce qui concerne les investissements dans l’école,
• Insuffisance d’enseignants qualifiés,
• Effectifs pléthoriques dans les salles de classes, de véritables marchés,
• Dégradation avancée des conditions d’étude des élèves.
• Enseignement privé en agonie, du fait des conventions inadéquates.
II/ LA SANTE ET L’HYGIENE :
• Accès difficile aux centres de santé, concentrés en zone urbaine alors que plus de 50% de la population est rurale.
• Coût trop élevé des prestations (50% population pauvre).
• Déficit en équipement moderne pour des soins efficaces.
• Personnel de santé démotivé et ma réparti.
III/ LE TRANSPORT :
• Réseau routier, naguère le plus attrayant de l’Afrique subsaharienne en état de dégradation avancé.
• Faiblesse dans le développement et l’entretien du réseau routier rural, poumon de notre économie,
• Organisation quasi absente du secteur du transport de masse qui donne l’impression d’un secteur aléatoire,
• Hausse immodérée des taxes sur les produits pétroliers,
• Raffinage de notre pétrole à l’extérieur, provoquant un surcoût à la pompe,
• Manque d’encadrement et de formation des travailleurs de ce secteur (beaucoup d’entre eux sont des déscolarisés).
IV/ LA COMMUNICATION ET L’INFORMATION :
• Non libéralisation du secteur audiovisuel,
• Cherté du matériel informatique et le coût prohibitif de l’accès à l’internet (50.000fcfa montant largement supérieur au SMIG qui est de 36 607f),
• Impossibilité pour le contribuable de faire des suggestions en vue d’améliorer les programmes de la RTI.
• Travailleurs de la presse écrite à la merci de leurs employeurs alors qu’à la RTI, la démotivation plombe leur esprit d’initiative.
V/ LA CULTURE ET L’ARTISANAT :
• Inexistence d’un code de l’artisanat
• Manque d’un site adéquat pour les artisans et ferrailleurs
• Faiblesse de la formation et insuffisance des centres de formation
• Difficulté d’accès au crédit bancaire
VI/ LE COMMERCE :
• Situation des travailleurs du secteur très préoccupante.
• Exposition à la vindicte populaire en cas d’augmentation des produits sur le marché,
• Effets insidieux liés au racket de 130 milliards par an.
• Impôts de toutes sortes fixés dans l’anonymat par l’État.
• Faiblesse du tissu industriel
• Absence de processus véritable d’industrialisation.
VII/ L’ENVIRONNEMENT ET LE CADRE DE VIE :
• Dégradation du couvert végétal de seize millions d’hectares de forêt à moins de trois millions. La situation est donc grave.
• Exploitations industrielles et agro-industrielles sans observer les règles écologiques.
• Travailleurs exposés à tous sortes de dangers et maladies, sous le regard complice des autorités décideurs.
• Villes, le siège de toutes les maladies du fait du non ramassage des ordures ménagères.
• Aucune politique réelle pour lutter contre les gaz à effet de serre.
• Environnement et cadre de vie malpropres accentuent la baisse l’espérance de vie en CI, 47 ans.
Et les instruments législatifs qui devraient protéger les travailleurs de tous les secteurs, à savoir, le Code du Travail et le Statut Général de la Fonction Publique, ont dangereusement restreint les droits des travailleurs mais surtout, les ont laissés, à la merci des employeurs. Plutôt que de libérer, le constat révélait qu’en Côte d’Ivoire, le travail aliène.
C’est donc au regard de tous ces maux qui minaient notre pays et surtout le monde du travail et les travailleurs, que ces derniers à travers leurs différentes organisations de lutte ont décidé d’unir leurs forces, afin d’amener les décideurs, où qu’ils se trouvent, à faire évoluer favorablement la situation sociale.
Ainsi naît, le 23 octobre 2010, à l’institut national de la Santé Publique (INSP) d’Abidjan-Adjamé, La CENTRALE SYNDICALE HUMANISME (CSH-CI) afin de :
• Consolider l’unité entre les travailleurs de tous les secteurs
• Consolider la solidarité entre les travailleurs de tous les secteurs
• Lutter pour la création de beaucoup plus d’emplois
• Lutter pour la sécurité des emplois
• Lutter pour la justice sociale
• Lutter pour les droits humains et syndicaux
• Lutter pour la promotion du genre
• Lutter pour les droits de l’enfant
• Lutter pour l’éducation publique de qualité et gratuite
• Lutter pour la gratuité des soins de santé
• Lutter pour l’assainissement de l’environnement et du cadre de vie
• Lutter pour l’amélioration du cadre de travail (révision positive des instruments législatifs en matière de travail)
• Lutter pour la démocratie
• Lutter pour la bonne gouvernance
• Lutter contre les tracasseries routières (racket)
• Lutter contre la corruption
• Lutter contre toute forme de servitude
Ce jour-là, quatre-vingt organisations syndicales, après près de quatre (04) mois de réflexions sont arrivées à fédérer leurs énergies pour porter sur les fonts baptismaux, la dynamique et inflexible centrale HUMANISME.
SORO Mamadou y est élu, à l’unanimité des congressistes présents, Secrétaire Général du Bureau Exécutif Central