EDITORIAL
Chers Camarades,
Le 23 octobre 2010, l’Amphithéâtre de l’Institut National de Santé Publique (INSP), dans l’enthousiasme, plus de soixante-quatorze (74) organisations syndicales ont porté le projet de création de la Centrale Syndicale HUMANISME. La visée de cette action, c’était la participation à l’édification d’une société ivoirienne plus démocratique, socialement plus juste et plus prospère. Pour y arriver, nous avons opté pour L’HUMANISME, cette doctrine qui place l’HOMME au cœur de toute action dans la quête du progrès social.
Au bout de douze (12) ans, notre parcours met en relief, nombre d’acquis, grâce à la solidarité de tous. Oui, camarades, ensemble, nous avons réussi à faire de la Centrale Syndicale HUMANISME, une organisation crédible dont la voix compte.
Toutefois, notre volonté d’être une organisation davantage moderne, plus démocratique, plus indépendante et plus dynamique, nous a obligés à nous soumettre à un exercice essentiel, à savoir l’auto critique et la critique.
Cet exercice, nous a motivés à réaliser un plan stratégique (P.S) sur les dix prochaines années, 2020-2030. Ce P.S intègre notre autocritique structurelle, organisationnelle, fonctionnelle et stratégique. Aussi les objectifs de cet important document, qui a pour ambition de répondre aux besoins de plus en plus diversifiés des membres de la CSH-CI, ne peuvent-ils être atteints que si nous nous approprions ledit plan stratégique pour une mise en œuvre collective.
Pour agir efficacement, notre Plan Stratégique nous donne l’occasion de consolider la participation responsable, de cultiver la probité, de renforcer l’écoute, de rechercher instamment de la cohérence dans nos propos, faits et gestes, d’éprouver le dialogue social et de penser nos actions en vue d’obtenir des résultats probants. C’est pourquoi nous avons élaboré quatre axes stratégiques autour desquels, de 2020 à 2030, nous allons penser le mieux-être des travailleurs de Côte d’Ivoire :
• Axe 1 : Le Développement institutionnel et organisationnel pour une bonne gouvernance vise à s’assurer que la CSH-CI dispose d’organes modernes dans leur structuration et leurs missions à travers des textes revus et actualisés et qu’elle couvre géographiquement le territoire national à travers les actions des SR et SD de la CSH.
• Axe 2 : L’Intensification et l’extension des activités syndicales à travers une démarche structurée de plaidoyer et de dialogue social et des approches novatrices de la CSH-CI au profit des travailleurs de tous les secteurs notamment le secteur informel.
• Axe 3 : Une approche structurée et cohérente de Renforcement des capacités techniques (formation sur les thématiques clés et les domaines d’interventions), financières (accroissement des ressources financières internes et externes) et matérielles de la CSH-CI et de ses membres.
• Axe 4 : Une Coordination de l'opérationnalisation et du suivi du plan stratégique et une Communication intensive, à l’aide d’outils modernes, sur les actions et les résultats de la CSH-CI auprès des membres, des partenaires et de la population.
Ces quatre axes stratégiques reposent sur les principes directeurs ci-après :
1. La Modernisation de la Gouvernance et de la gestion de la CSH-CI à travers une revue des textes, des organes, des méthodes et des outils de gestion pour accompagner le développement qualitatif de l’organisation.
2. Le Plaidoyer et le dialogue social basé sur des méthodes inclusives et des outils pertinents et scientifiques en vue du renforcement de la légitimité par la poursuite tous azimuts de la représentation des travailleurs de tous les secteurs notamment le secteur informel et les autres secteurs stratégiques de l’économie ivoirienne (énergie, communication, etc.).
3. La Mobilisation des ressources internes et externes, bâtie sur une stratégie cohérente avec des approches complémentaires, permettant de soutenir l’extension de la CSH-CI, l’intensification de ses activités et favoriser sa pérennisation.
4. Le Renforcement des capacités techniques et matérielles de la CSH-CI, de ses membres et de ses adhérents dans le cadre d’une stratégie fondée sur leurs besoins réels, afin de garantir leur contribution qualitative au développement de la centrale.
5. Le Développement de partenariats stratégiques et multisectoriels en vue de faciliter la complémentarité et la synergie productive avec les autres parties prenantes.
Malheureusement, alors que nous étions dans nos starting block, la Covid-19 s’est signalée, provoquant une pandémie dont les relents continuent d’infester l’humanité.
Oui ! la covid -19 s’est s’installée dans notre quotidien. Et nous subissons de plein fouet son impact sur le monde du travail. En effet, la pandémie de la COVID-19 n’a pas épargné le continent africain, même si la région présente un taux de contamination et de létalité parmi les plus faibles au monde.
A l’instar des autres nations africaines, la Côte d’Ivoire dont la projection de croissance du PIB se situait autour de 9% pour l’année 2020, est contrariée par la crise sanitaire inhérente au coronavirus. Et notre pays reste l’un des pays de l’Afrique de l’ouest les plus affectés par la COVID-19, depuis le 11 Mars 2020.
Afin de réduire la progression de la maladie, l’Etat de Côte d’Ivoire a pris très tôt des mesures urgentes sécuritaires, sanitaire et sociales:
* Confinement progressif des populations,
* Interdiction de regroupement de personnes,
* Instauration du couvre-feu,
* Régulation des transports urbains et interurbains,
* Fermeture de tous les établissements d'enseignement scolaires et universitaires,
* Fermeture des lieux de spectacle, maquis et restaurants.
Ces mesures, qui ont été mises en pratique sur près d’un trimestre, ont sérieusement impacté l’activité économique, et la crise sanitaire s’est transformée en crise économique majeure, avec des répercussions sur l’emploi, les travailleurs et les ménages.
Pour la préservation des emplois et la relance économique, la Centrale Syndicale Humanisme a entrepris un ensemble d’initiatives. Il s’agit entre autres de :
* La participation aux différentes instances de dialogue social convoquées par le gouvernement pendant la crise sanitaire en vue de préserver l’emploi ;
* L’élaboration d’un plan stratégique pendant la période de confinement
* L’élaboration de trois projets de transition vers l’économie formelle dans des secteurs à fort potentiel de création d’emplois : la filière cacao, le secteur vivrier et les travailleurs domestiques. Ces projets qui visent spécifiquement les femmes, devraient conduire à réduire les fortes inégalités de genre exacerbées par la crise de la Covid-19.
D’autre part, afin de construire le développement socio-économique à large assise dans la durabilité prospective, la Centrale Syndicale Humanisme a recommandé :
• Au plan sanitaire :
* La poursuite de la sensibilisation en faveur du respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale ;
* L’encouragement des entreprises afin qu’elles instaurent des cadres de travail sécurisés qui limitent la contamination.
• Au plan économique et social,
* Le renforcement des interventions publiques afin de retrouver la trajectoire économique d’avant la crise.
Particulièrement, pour Humanisme, il s’agit :
* D’explorer de nouvelles niches telles que les emplois verts et les emplois du secteur des TIC, pour remettre le travailleur au cœur de la création de la richesse.
* D’accroitre la protection sociale du secteur informel, notamment en faveur des secteurs les plus affectées en fournissant des compensations aux travailleurs qui ont perdu leur emploi du fait de la Covid-19. Nous sommes convaincus que cette mesure, pourrait accélérer la formalisation des entreprises du secteur informel.
? La mise en place d’une plate-forme d’échange (Etat – Secteur privé - Syndicats) afin d’amener les employeurs à assumer leurs responsabilités vis-à-vis des employés licenciés.
• Au niveau du dialogue social :
* Initier des campagnes de sensibilisation auprès des entreprises afin de faciliter l’adoption d’une charte qui limite les licenciements du fait de la crise sanitaire causée par le coronavirus ;
* Promouvoir un dialogue social inclusif en luttant contre la discrimination sous toutes les formes dans l’approche gouvernementale du dialogue social où les plus faibles sont discriminés et promettre une pluralité syndicale débridée.
* Etablir un climat de paix social afin de faciliter la décrispation du paysage politique. Une telle approche devrait permettre de limiter l’esprit partisan qui handicape une analyse sereine des problèmes sociaux qui minent la Côte d’Ivoire.
* Développer la responsabilité citoyenne et réduire le déficit démocratique qui entrave le dialogue social.
* Encourager les syndicats à travailler dans toutes les branches d’activités, plus particulièrement les secteurs marginalisés (les ferrailleurs par exemple) où le besoin d’inclusion dans le dialogue social est d’acuité.
L’engagement syndical de Humanisme est sans ambiguïté, car pour nous, il est essentiel de consolider l’unité et la solidarité entre les travailleurs de tous les secteurs d’activité pour assurer un environnement de travail sain et sécurisé et une vie décente pour tous, en luttant contre toutes formes d’exploitation et de discrimination, en défendant les droits humains et syndicaux, en faisant la promotion de la justice sociale, de la paix et de la démocratie et en continuant à préserver l’environnement.
Oui notre engagement tient sur un socle composé des valeurs suivantes :
* La solidarité
* La démocratie
* La justice sociale
* L’émancipation humaine
* La camaraderie ou la fraternité.
Le nouveau mandat de six (06) ans que le 1er congrès ordinaire tenu les 12, 14, 15, 16 et 19 septembre 2020, vient de nous confier, sera éclairé par la mise en œuvre du Plan Stratégique de Développement de la CSH-CI. C’est une nouvelle ère qui commence, avec un changement de mentalité à tous les niveaux. Il y va de la modernisation de notre instrument de lutte.
Dans cette élan, nous avons opéré un changement d’identité visuelle, en adoptant un logo plus simple mais beaucoup plus expressif avec « l’Humain au centre » et nous avons lancé les travaux de construction du siège social de la CSH, après l’acquisition d’un terrain à Adjamé-Williamsville.
Notre vision de départ reste intacte : Former une organisation syndicale, démocratique et indépendante qui place l’homme au centre de toutes les préoccupations et qui œuvre, ainsi, pour le progrès social de tous les travailleurs de Côte d’Ivoire, dans un monde où chacun peut développer pleinement ses potentialités dans un environnement de liberté, d’égalité et de justice sociale.
Nous avons foi.
En avant.
Dans l’espérance !
Le Secrétaire Général.
SORO Mamadou